Le temps, le lieu et l’image

Une image, photographie, dessin ou peinture, a-t-elle besoin d’être définie dans le temps et dans l’espace ? La question ici n’est pas d’ordre physique, et n’entre pas dans le champ de la relativité restreinte et de la dimension spatio-temporelle, mais elle est plutôt de l’ordre du ressenti humain, de nos relations intimes avec nos vies.

Ce sont nos souvenirs, ces expériences qui laissent des traces impalpables, qui marquent notre temps propre. Finalement, intimement, n’arrêtons-nous pas le temps pour le récupérer à notre guise et le replacer à d’autres endroits ? Nous avons la fabuleuse capacité mentale de réunir la diversité spatiale et temporelle de certains de nos souvenirs en une nouvelle position qui les résume tous.

Sentir que l’on a déjà vécu ce moment, ne pas comprendre pourquoi tel lieu nous dit quelque chose, voir toujours la même scène dans des endroits différents… pourquoi produisons-nous inconsciemment ces visions, et comment arrivons-nous à produire notre propre réalité ?

Tout est question de ressentis, de sensations qui traversent le corps, tout cela est finalement physique – au sens corporel – et notre perception, couplée à notre réaction, fabrique une réalité.

Lorsque nous regardons une image, a fortiori une représentation, ce qui fait que nous nous en souvenons, c’est que le temps qu’elle montre est implicite, il n’existe pas sur l’image mais est imaginé par nous-mêmes. Nous fabriquons le temps que l’on voit sur l’image par rapport au temps que nous avons vécu, et ainsi nous fabriquons un nouveau souvenir. Nous accumulons ainsi des couches de temps qui se mélangent entre elles et se reforment continuellement. Cette image vue restera comme une expérience intime, et nous pouvons même en prendre possession si elle rejoint l’ensemble de nos vécus.

Les lieux sont également des intimités fortes, en tant qu’ils marquent également des moments. Mais dans nos souvenirs leurs représentations se diffusent pour ne garder que des points précis, marqueurs de nos émotions. Là aussi lorsque nous regardons un image, l’espace représenté - s’il n’est pas explicite -, prendra la force du souvenir.

Ce mélange, sur l’image, de différents temps et d’altération géographique du lieu - pour le situer partout – permet de dépasser ce que l’on pense voir. Il ouvre un peu plus notre perception au monde.

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Petite géologie de l’image